Saint Laurent … tel est, depuis 2013, le nom de la marque de prêt-à-porter Yves Saint Laurent. Un changement d’identité – notez néanmoins que le nom du fondateur est resté celui de la Maison sur le plan institutionnel, et que le logo YSL créé par le graphiste Cassandre en 1961 a été conservé – que la Maison de luxe doit à Hedi Slimane, arrivé aux commandes en tant que directeur de la création et de l’image de la Maison, en 2012. Une Maison fondée en 1961 par Yves Saint Laurent, après un peu plus de deux années passées à la tête de la Maison Dior où, en novembre 1957, le jeune couturier avait été officiellement présenté comme le successeur de Christian Dior, conformément au choix de ce dernier.
Nom mythique de la couture et de la mode, Yves Saint Laurent fut au nombre des créateurs français les plus novateurs et les plus influents du 20ème siècle. Plus qu’une mode, il créa un style, celui de la femme contemporaine. Un style qu’il impose dès les années 60 à travers une mode nouvelle portée par une vision différente de la féminité, incluant des codes du vestiaire masculin et intégrant le sportswear. Parmi ses créations les plus emblématiques se trouvent des pièces fortes comme le caban et le trench-coat (1962), le smoking (1966), la saharienne et le tailleur-pantalon (1967), … Il puise également son inspiration dans l’œuvre de grands artistes. De Mondrian par exemple, un peintre hollandais pionnier de la peinture abstraite : la célèbre collection « Mondrian » lancée en 1965 fera un véritable triomphe. Mais également d’Andy Warhol (collection « Pop Art » en 1966), de Braque, Matisse, Picasso, … ou encore d’écrivains et de poètes.
Fondateur initialement d’une Maison de Haute Couture, Yves Saint Laurent se lance, en 1966, dans le prêt-à-porter de luxe avec sa collection « Rive Gauche ». En septembre de la même année, il est le premier couturier à ouvrir une boutique de prêt-à-porter à son nom. Baptisée « Saint Laurent Rive Gauche », elle est située 21 rue de Tournon dans le 6ème arrondissement de Paris. Fort du succès rencontré, Yves Saint Laurent va ouvrir une autre boutique à New-York en 1968 et une troisième à Londres en 1969. En 1969 toujours, une boutique dédiée aux hommes est inaugurée (« Rive Gauche Hommes »).
Les années 60 sont aussi l’occasion pour Yves Saint Laurent de s’inscrire dans le sillage de ces grands noms – tels Paul Poiret ou Coco Chanel – qui ont su, avec succès, allier la Haute Couture et le parfum. En 1964, il lance « Y », son premier parfum féminin. D’autres fragrances suivront, dont les iconiques « Pour Homme » (1971), « Rive Gauche » (1971), « Opium » (1977), « Kouros » (1981), « Paris » (1983), …, ou encore développées sous la marque Yves Saint Laurent Beauté – par le groupe L’Oréal qui a fait l’acquisition en 2008 de l’activité parfums et cosmétiques de la Maison de luxe – les fragrances « Parisienne » (2010), « Black Opium » (2014), ainsi que la collection « Le vestiaire des parfums » (2015), et autres réinterprétations de parfums existants comme « Mon Paris Parfum Floral » (2019) par exemple.
Plus tard en 1978 – parce que selon les termes du couturier, « Il manquait un visage à la femme que j’habille » -, Yves Saint Laurent lance sa ligne de maquillage. Inspirée du prêt-à-porter de la Maison, elle a été pensée pour une femme sophistiquée, audacieuse, un brin provocante. De cette ligne naîtront des looks reconnaissables entre tous ainsi que de nombreux best-sellers tels que « Touche Éclat » (1992), « Rouge Pur » (1994), « Teint Singulier » (1998), « Mascara Effet Faux Cils » (2000), …
Aujourd’hui dirigée par Anthony Vaccarello, directeur artistique de la marque depuis 2016, et Francesca Bellettini, PDG de la Maison depuis 2013 (et présidente, depuis juillet 2019, de la chambre syndicale de la mode féminine qui régit les calendriers officiels des défilés femme à Paris), Saint Laurent a connu les succès, les hommages, les rétrospectives, … et son fondateur a été distingué à plusieurs reprises tout au long de sa carrière. La Maison a aussi rencontré des difficultés, connu des bouleversements – à commencer par le départ en 2002 d’Yves Saint Laurent suivi de la fermeture de la Maison de Couture puis par la disparition du couturier en 2008, à l’âge de 71 ans -, des changements, …
Des changements de propriétaire et ce, dès 1965, lorsque l’investisseur J. Mack Robinson décide de revendre ses parts à un autre Américain, Richard Salomon, président du groupe de cosmétiques et parfums Charles of the Ritz. En 1972, à la faveur de la vente du groupe Charles of the Ritz, Pierre Bergé et Yves Saint Laurent reprennent le contrôle de la Maison de Couture, tandis que les parfums tombent dans l’escarcelle du groupe pharmaceutique E.R. Squibb. Une activité dont ils vont retrouver la propriété avec l’aide de l’homme d’affaires italien Carlo de Benedetti, avant de vendre le groupe Yves Saint Laurent, en 1993, à Sanofi (filiale d’Elf). Six ans plus tard, le groupe PPR (devenu Kering en 2013) rachète – avec Sanofi Beauté – la Maison Yves Saint Laurent qu’il confie au groupe Gucci (une nouvelle acquisition également du groupe français), la Haute Couture restant dirigée par Yves Saint Laurent et Pierre Bergé (sous le contrôle d’Artemis, le holding personnel de François Pinault) jusqu’au départ du couturier en 2002. Des changements également à la direction artistique de la Maison qui aura vu passer Hedi Slimane et Alber Elbaz, Tom Ford, Stefano Pilati, Hedi Slimane de nouveau, puis Anthony Vaccarello.
Doté d’une compréhension fine des valeurs essentielles de la Maison – la jeunesse, la capacité à faire descendre la Couture dans la rue et à créer un style qui résonne avec la modernité -, Anthony Vaccarello a su nourrir – par un travail élégant et moderne dans le respect de l’ADN de Saint Laurent – une vision hautement désirable de la marque, saluée tant par les clients historiques que par la nouvelle clientèle internationale. Ainsi, Saint Laurent peut s’exprimer à travers une identité forte et des codes puissants, parfaitement identifiés et en phase avec l’époque.