Cette année, Diptyque fête le cinquantième anniversaire de sa première eau de toilette avec le lancement de deux nouvelles fragrances, respectivement trente-sixième et trente-septième créations d’une collection en construction permanente. Leurs noms : « Tempo » et « Fleur de Peau ».
« Tempo » et « Fleur de Peau », donc, des compositions signées Olivier Pescheux – l’un des fidèles parfumeurs de la Maison Diptyque – qui sonnent comme un retour aux sources dans l’époque prodigieusement libertaire et inventive que fut le printemps 68; une époque marquée par deux événements, d’inégale importance il est vrai : le premier connu de tous, avec ses barricades, des jets de pavés, l’interdiction d’interdire …, dans le but de réinventer le monde, le second, plus silencieux, avec la naissance d’une fragrance singulière, tribulation d’épices et souvenance de pomander médiéval (roses anciennes, cannelle, orange, clou de girofle) imaginée par Desmond Knox-Leet, l’un des fondateurs de Diptyque, et baptisée « L’Eau ». Premier parfum de niche, premier parfum non assigné à un genre, premier parfum d’auteur, « L’Eau » – venant réinventer l’art de la parfumerie – se distingue notamment par deux règles qui vont devenir indissociables de la marque : les vocables contenant une sonorité en « O » (« Oponé », « Tam Dao », « Ofrésia », « Eau des Sens », « Olène », etc.) et « l’accident olfactif », c’est-à-dire une note inattendue que l’on n’aurait pas senti venir …
« Tempo » et « Fleur de Peau », … les deux derniers nés de diptyque ne sont pas seulement nouveaux et résolument modernes. Ils ont été imaginés en référence et en hommage à « L’Eau », leur aîné, et son année de naissance, 1968 … cette époque où l’on trouvait des parfums pensés pour demoiselles sages ou garçons aux cheveux courts, « L’Air du temps » de Nina Ricci, « Brut » de Fabergé, où l’on sentait des effluences rares (gaz lacrymogène), des relents de tabac (Gauloises bleu), le savon Lux, le baume du tigre … Et pour les aventuriers de l’odeur et des terres lointaines, l’huile de patchouli ou le musc provocant. Des matières que l’on retrouve aujourd’hui dans les nouveaux parfums Diptyque en vente depuis le mois de mars 2018; à commencer par le patchouli qu’Olivier Pescheux a choisi d’intégrer à la composition olfactive de « Tempo » en l’affinant cependant, avec pas moins de trois extraits différents, tous issus du réseau d’approvisionnement durable mis en place par Givaudan dans l’île de Sulawesi, en Indonésie.
Trois extraits de patchouli qui rythment la composition de leurs nuances tantôt boisées et racées, tantôt terreuses ou enveloppantes. Relevé par la feuille de violette, « Tempo » vibre sur la peau d’une étonnante sophistication. D’autres matières premières – absolue de maté, baies roses, bergamote, jasmin frais mais aussi un accord ambré, composé de sauge sclarée (version végétale de l’ambre gris) et d’ambrofix (extrait des mêmes feuilles aromatiques) et des muscs pour ourler la finition. L’accident olfactif dans « Tempo » ? L’opposition entre le caractère acide et gras de la feuille de violette et la facette moussue (moisie) du patchouli !
« Fleur de Peau », lui, met les muscs en avant; des muscs minutieusement choisis par Olivier Pescheux, tour à tour cuirés, poudrés, fruités, ici un peu sauvages, ou là cotonneux, duveteux, moelleux … Parmi eux l’Ambrettolide préfigure les graines d’ambrette, elles-mêmes agents de liaison des essences de graines d’angélique et de carotte, si proches de l’iris élégamment poudré. Viennent ensuite des roses turques, puis enfin une infusion d’ambre gris.
Sans doute parce que les trois fondateurs de Diptyque étaient avant tout des artistes plastiques et picturaux, leur approche du parfum fut autant visuelle qu’immatérielle; chaque matière première étant comme une teinte sur une palette, comme l’empreinte d’un lieu, d’un paysage, d’une époque, l’illustration des flacons a toujours été un élément de première importance.
Comme depuis la première étiquette conçue par Desmond Knox-Leet pour « L’Eau » il y a 50 ans, celles qui accompagnent « Tempo » et « Fleur de Peau » ont été dessinées à l’encre de Chine. Chacune étant double, elles se poursuivent au dos du flacon et ne sont alors perceptibles que de l’intérieur, à travers le liquide du parfum … des images flottantes, presque un rêve, … Ces étiquettes révèlent les univers imaginés par Safia Ouares pour « Tempo » – la vision d’un chaman (en Inde on dit « gourou ») communiquant rituellement avec la forêt où naît le patchouli, où vivent les esprits et les bêtes – et par Dimitri Rybaltchenko pour « Fleur de Peau » – avec une illustration inspirée des amours de Psyché et d’Eros, un mythe de la Grèce antique surpassant tous les autres en matière de passion et de sensualité.
Disponibles depuis le mois de mars 2018, les eaux de parfum « Tempo » et « Fleur de Peau » sont vendues au prix de 125€ le flacon de 75ml.
Diptyque, 1968-2018 : de « L’Eau » à « Tempo » et « Fleur de Peau »